Plusieurs projets phares, en cours ou déjà réalisés, vont profondément changer la ville : la Marina du port de Casablanca et l’Atlantic Tower, le domaine de Sindibad, l’espace CasArts de Portzamparc et bien sûr, les tramways. Plus de autres 200 projets ont par ailleurs été identifiés par le « think thank Casablanca », lancé en 2013 par le nouveau Wali après les vives critiques du Roi Mohamed VI sur la mauvaise gestion de la ville.
Le désaveu royal aura eu des effets concrets et rapides sur la gouvernance de Casa. La mise en place d’un think thank par le nouveau Wali Khalid Safir a permis d’accélérer les initiatives pour moderniser la ville blanche et renforcer son attractivité, avec à la clé un développement mieux maîtrisé et plus durable. En premier lieu, si le transport urbain reste un sujet toujours aussi brûlant, les 4 millions d’habitants qui en souffrent quotidiennement vont pouvoir se réjouir du lancement attendu de la 2ème ligne de tramway, dont les travaux ont commencé le 15 mai dernier. Cette ligne, qui s’étend sur 15 km, desservira l’axe El Fida -Sidi Bernoussi – boulevards Anoual, Hay Mohammedi et Aïn Sebaâ – à l’horizon 2019. La ligne 1, qui atteint 100000 voyageurs/jour en moyenne, sera également prolongée sur 2 km afin de desservir le quartier Lissasfa depuis le terminus des Facultés. Le feu vert a été donné par Emmanuel Macron, ministre français de l’Economie et Moulay Hafid El Alamy, ministre marocain de l’Industrie qui ont signé le 27 mai dernier la convention de financement du tramway, construit par Alsthom. Deux autres lignes devraient encore voir le jour ainsi qu’un RER. (pour avoir une idée du réseau global en 2025, voir la carte ici).
Autre bonne nouvelle pour le désengorgement de la ville, les travaux du grand pont à haubans de Casablanca, plusieurs fois reportés, ont été enfin lancés en juillet 2014. Situé au rond-point de Sidi Maârouf, près du Technopark, l’ouvrage de 225 mètres prévu pour 2017 permettra de libérer l’un des principaux points noirs de la circulation à Casablanca -plus de 11000 véhicules y transitent chaque heure en moyenne- et de relier directement la ville à l’aéroport.
Renforcer son leadership sur le continent africain
Casa à l’horizon 2030, c’est également le vaste projet de transformation de son port historique et l’objectif de doubler le trafic maritime grâce à des aménagements ciblés sur l’activité de croisière, notoirement insuffisants aujourd’hui. Le projet de construction d’un terminal de croisières s’accompagnera, à plus long terme, d’une marina internationale sur le port. Baptisé «Wessal Casablanca-Port», ce chantier de 6 milliards de dirhams doit faire de Casablanca une escale internationale, ouverte sur la ville et offrant les meilleures infrastructures pour le tourisme de plaisance… Côté business, la marina disposera de 53.000 m2 de bureaux et d’immeubles résidentiels haut de gamme (voir notre article) et sera dotée de la plus grande tour du Maroc, l’Atlantic Tower.
Autant de projets qui vont renforcer l’attractivité de la ville, bien située déjà parmi les métropoles africaines. Le classement PwC « Into Africa The continent’s Cities of Opportunity » a récemment situé Casablanca au 4ème rang des villes africaines les plus attractives et au 1er rang sur le critère économique. La présence de nombreux sièges de grandes entreprises constitue certes un atout important mais l’étude confirme le renforcement des transports et la modernisation des infrastructures comme éléments du leadership de la ville sur le continent africain. Cette modernisation s’est très récemment confirmée avec la volonté de conserver le littoral grâce à un système de dépollution des eaux, inauguré par le roi du Maroc et le patron de Suez environnement en mai dernier. Les eaux usées industrielles usées, jusqu’ici rejetées en mer avec les conséquences environnementales que l’on sait, seront dorénavant dirigées sur 24 km vers des systèmes de dépollution diminuant l’impact sur le milieu urbain et marin. Une infrastructure qui doit permettre à Casablanca de rattraper son retard en matière de développement urbain durable et de valoriser –enfin- sa façade maritime.
Une ville en pleine mutation
Le rayonnement de la ville passera également par les loisirs, l’art et la culture, activités incarnées par la construction du Grand théâtre et la rénovation du parc Sindibad. Au cœur de la ville, cette oasis unique située face à l’océan abrite sur 32 hectares « Les Nouveaux Mondes de Sindibad », un vaste site naturel où cohabiteront dans la partie zoo une centaine d’espèces en liberté. Un espace d’attractions, un parc écologique et un site archéologique viennent compléter ce site exceptionnel, cher aux habitants de Casablanca. Enfin, une zone résidentielle de 24 hectares intégrée à ce nouveau domaine « vert et bleu », propose des appartements et des villas de standing, dont une partie est d’ores et déjà en cours de finalisation.
Dernier pilier indispensable au développement de Casa, la culture et l’art bénéficieront d’un lieu très contemporain et multidisciplinaire en 2017, crée par l’Atelier Christian de Portzamparc et l’architecte marocain Rachid Andaloussi. Situé place Mohamed V, le projet « CasArts » et le Grand Théâtre de Casablanca, déjà renommés « Medina culturelle », vont radicalement transformer cette place à l’architecture classique des années 20 en plusieurs pavillons et galeries dans un design très actuel et épuré. Améliorer le cadre de vie et l’embellir, réconcilier la ville avec ses habitants et promouvoir un développement international… Les enjeux sont considérables pour cette métropole à l’image anarchique, mais les projets structurants en cours promettent une réelle qualité de vie, dans un futur finalement assez proche.
Crédit photo de Une : CasArt – Copyright © Atelier Christian de Portzamparc