Très critiquée par le Roi Mohamed VI fin 2013, Casablanca n’a pas tardé à réagir. Ce désaveu royal a permis d’accélérer les initiatives prises pour renforcer son attractivité, avec à la clé un développement mieux maîtrisé et plus durable.
La question du transport urbain est toujours un sujet aussi brûlant dans la capitale économique. Mais les 4 millions d’habitants qui en souffrent quotidiennement vont pouvoir se réjouir du lancement attendu de la 2ème ligne de tramway, dont les travaux ont commencé le 15 mai dernier. Cette ligne, qui s’étend sur 15 km, desservira l’axe El Fida -Sidi Bernoussi – boulevards Anoual, Hay Mohammedi et Aïn Sebaâ – à l’horizon 2019. La ligne 1, qui atteint 100000 voyageurs/jour en moyenne, sera également prolongée sur 2 km afin de desservir le quartier Lissasfa depuis le terminus des Facultés. Le feu vert a été donné par Moulay Hafid El Alamy, ministre marocain de l’Industrie, et Emmanuel Macron, ministre français de l’Economie, qui ont signé le 27 mai dernier la convention de financement du tramway.
Deux autres lignes, sur rails ou sur roues, devraient encore voir le jour ainsi qu’un RER. (pour avoir une idée du réseau global en 2020, voir la carte ici.
Leadership sur le continent africain
Cette politique de mobilité va non seulement améliorer le quotidien des casaouis -nombre d’entre eux sont toujours tributaires des taxis rouges et blancs de Casa, qui eux-mêmes sont contraints de refuser des trajets tant la circulation est impossible…-, mais elle va renforcer aussi l’attractivité de la ville, bien située déjà parmi les métropoles africaines. Le classement PwC, « Into Africa The continent’s Cities of Opportunity » a récemment situé Casablanca au 4ème rang des villes africaines les plus attractives et au 1er rang sur le critère économique. La présence de nombreux sièges de grandes entreprises constitue certes un atout important mais l’étude confirme le renforcement des transports et la modernisation des infrastructures comme éléments du leadership de la ville sur le continent africain.
Last but not least, Casa a pris en main la conservation de son littoral avec un système de dépollution des eaux, inauguré par le roi du Maroc et le patron de Suez environnement en mai dernier. Jusqu’ici les eaux usées industrielles étaient rejetées en mer, avec les conséquences environnementales que l’on sait …elles seront dorénavant captées et dirigées sur une longueur de 24 km vers des systèmes de traitement diminuant l’impact sur le milieu urbain et marin. Une urgence écologique donc, mais également économique car les côtes de Casablanca, riches en ressources halieutiques, assurent le dynamisme de la pêche . Un enjeu de taille car le secteur représente 50% des exportations agroalimentaires du Maroc et fait vivre quelques 3 millions de personnes.
Avec cette nouvelle infrastructure, la ville blanche semble bien décidée à rattraper son retard en matière de développement urbain durable et à valoriser sa façade maritime… Elle s’inscrit également dans un vaste projet national sur la protection du littoral marocain et la réhabilitation des sites pollués, projet en cours d’examen Loi littoral mais dont l’issue reste incertaine, tant il déchaîne intérêts, enjeux et passions chez ses nombreuses parties prenantes.